Par Philippe Clanché (de http://www.temoignagechretien.fr)
La ville de Bussy-Saint-Georges met en place un espace dédié aux lieux
de culte. Deux pagodes, une synagogue et une mosquée vont cohabiter à
partir de 2012.
Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) est une des villes nouvelles qui
se développent dans l’aire de Marne-la-Vallée. Son expansion
démographique – multiplication par onze du nombre d’habitants entre 1990
et 2005 – n’est pas due qu’à l’exode rural : 50 % des 21 000
Buxangeorgiens sont d’origine étrangère, dont une majorité venue d’Asie.
On y trouve déjà une stèle en hommage aux boat people
vietnamiens, une avenue Yitzhak Rabbin ou un rond-point de Saïgon. La
diversité religieuse a interrogé Hugues Rondeau, maire de la commune
(Parti radical) depuis 1998.
«
Les politiques ne peuvent pas faire l’impasse sur le fait religieux,
explique-t-il. Plutôt que de prêter des salles ponctuellement, j’ai
voulu globaliser les demandes des communautés. Après avoir rencontré les
représentants des communautés, j’ai souhaité dédier un espace aux
activités cultuelles et culturelles. »
Cohabitation
L’accueil
des intéressés étant positif, la commune a prévu ce site au cœur du
nouveau parc urbain du Sycomore, aujourd’hui lieu de promenade : 4 000
logements et des commerces sur 70 hectares.
L’an prochain, vont
ainsi voir le jour deux pagodes bouddhistes (taïwanaise et laotienne),
une synagogue et une mosquée. Juifs et musulmans pratiquent aujourd’hui
dans des préfabriqués, tandis que les bouddhistes doivent rejoindre
Vincennes.
Les communautés sont invitées à jouer collectif : le parking sera commun, aucune barrière ne séparera les lieux et la mosquée sera édifiée en face de la synagogue.
« Nous
souhaitons que ces bâtiments soient visibles par tous, que la
population perçoive dans les religions un facteur de stabilité et de
rayonnement. Cet espace va aussi attirer du monde chez nous. »
Plutôt
qu’une spécialité culinaire ou un énième festival de jazz,
Bussy-Saint-Georges va disposer d’une vitrine originale : la
cohabitation religieuse. Ce
projet, unique en Europe, lui vaut un classement au patrimoine religieux de l’Unesco.
Si
elle a aidé à l’acquisition des terrains aux meilleurs conditions, la
commune, conformément à la loi de 1905, n’a financé aucun des projets.
Mais elle a surveillé de près le montage financier des quatre dossiers,
menés « avec des associations locales que nous connaissons bien », selon
Florent Perez, directeur de cabinet du maire. La pagode Fo Guang Shan a
fait jouer la solidarité de son réseau mondial. La pagode laotienne et
la mosquée sont principalement financées par des dons, comme la
synagogue, laquelle a été soutenue par le Consistoire de Paris.
« Nous avons posé des
conditions architecturales strictes.
Nous ne voulions pas de caricatures du fait religieux, mais des formes
compatibles avec notre région et notre culture judéo-chrétienne »,
précise le maire. Ainsi, le minaret de la mosquée sera simplement
suggéré par un petit élancement et la coupole sera discrète. La pagode
Fo Guang Shan est conçue dans le style contemporain, car « nous ne
sommes pas à Taïwan », affirme Hugues Rondeau.
Hormis quelques voix d’extrême-droite opposées à la mosquée, le projet n’a pas rencontré de contestation.
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